«Common Water – the Alps» évoque une nouvelle interprétation des Alpes comme îlot de paysage, densifié en tant que bande urbaine au centre de l’Europe centrale. Les Alpes ne s’isolent pas, mais interagissent avec les paysages urbains autour. © Chaire Günther Vogt, ETH Zurich.

Les Alpes ne constituent pas un tissu statique, mais un espace vital dynamique et très sensible. Des processus géologiques et géomorphologiques au cours de millions d’années sont à l’origine de sa topographie caractéristique et des conditions du développement de l’espace vital alpin. Celui-ci se caractérise par la création continue de conditions de vie, en dialogue étroit avec les conditions locales qui, à leur tour, imposent des formes spécifiques de communauté pour garantir une approche durable des ressources naturelles.

De même, les Alpes ne sont pas un espace isolé, mais étaient depuis toujours liées aux évolutions socio-économiques du continent européen, avec un certain retard et sous une forme atténuée. L’industrialisation s’est accompagnée de la distinction entre paysages intensifs et extensifs. L’évolution climatique accentue cette évolution. Les conséquences de l’élévation des températures sont frappantes si l’on considère l’eau comme ressource centrale du paysage alpin. La fonte accélérée des glaciers et la moindre importance de la neige entraînent entre autres une «liquéfaction de la teneur en eau»: cela signifie un affaiblissement de la capacité de stockage de la neige et de l’eau, de sorte que les conditions hydrologiques sont de plus en plus fortement déterminées par les intempéries. Surtout en été, les Alpes pourraient ainsi à l’avenir ne plus pouvoir assurer leur fonction de château d’eau d’Europe. Elles resteront néanmoins déterminantes pour l’approvisionnement en eau de l’Europe centrale. De même, les basses terres des Alpes deviendront à vue d’œil plus sèches en été.

Un large débat devra être ouvert pour déterminer comment gérer à l’avenir l’eau dans les Alpes. Cette contribution à la présentation suppose une nouvelle lecture du paysage alpin comme «île écologique» au centre du continent, intégrant différentes disciplines comme l’art, les sciences naturelles, l’ingénierie et l’architecture paysagère. Des propriétés inédites se manifestent dans le cadre de référence européen: un espace de ressources pour l’eau (d’une qualité irréprochable) et l’énergie; un point chaud de biodiversité; une destination touristique avec des conditions climatiques agréables; un espace culturel sans le stress d’une urbanisation dense et un paysage unique.

L’établissement de nouvelles relations entre l’Europe intra-alpine et l’Europe extra-alpine s’appuie sur les principes de la collaboration. À l’instar de la communauté agricole initiale au sein de l’espace alpin, l’échange doit se baser sur une utilisation commune négociée et durable. Cela garantit une approche responsable et attentive du paysage alpin comme ressource, loin des images et représentations traditionnelles, avec, au contraire, la création de nouvelles images et significations.

Exposé à la 17ème Exposition internationale d’architecture de Venise 2021, Biennale Architettura 2021 «How will we live together?» Venise, 22.05 – 21.11.2021.

Vidéo sur la pièce d’exposition: présentation de la Biennale de Venise.

Vidéo sur l’évolution des Alpes de – 120 000 ans jusqu’en 2100 (sur YouTube, partie de l’exposition).

Publication

Thomas Kissling (Ed.): Solid, Fluid, Biotic. Changing Alpine Landscapes.

Image

«Common Water – the Alps» évoque une nouvelle interprétation des Alpes comme îlot de paysage, densifié en tant que bande urbaine au centre de l’Europe centrale. Les Alpes ne s’isolent pas, mais interagissent avec les paysages urbains autour.